Posted by : Marc PEZIN
mercredi 2 octobre 2013
Alors que notre première journée de marche touche à sa fin
en direction du cœur de l’Amazonie et ce qui semble être un Tepuy
impressionnant selon Challenger, il me parait indispensable de vous présenter
les personnalitées qui ont pris part à notre voyage. Rassurez-vous, je ne vais
pas m’attarder sur chacun des 10 porteurs qui convoient notre matériel le plus
lourd, ni non plus sur les individus compétents, mais peu remarquable, que sont
nos guides ou nos protecteurs. Cependant, il est un certain nombre de
personnages, dont le caractère est si exceptionnel, qu’il me faut absolument
vous en dresser un portrait sommaire.
Commençons par le commencement. Lorsque nous quittâmes
Londres, nous étions en tout et pour tout six membres. Le professeur Challenger
dont j’ai déjà amplement parlé, est à l’origine de toute cette expédition.
Homme savant, érudit sans pareil et orateur hors pair, c’est aussi une force de
la nature, au moins aussi colérique que peut l’être cette dernière. Cependant,
c’est un homme courageux, plein de bon sens et à l’esprit affûté. Son apparence
est elle aussi tout à fait paradoxale, tout du moins, lorsqu’il est en société.
Ses costumes paraissent toujours trop étriqués pour sa musculature
impressionnante et on l’imagine sans peine revêtu de l’attirail du boxeur, dont
je me suis laissé dire qu’il était grand amateur lorsqu’il était encore
étudiant.
Summerlee est tout le contraire de Challenger, bien qu’il
n’en soit sans doute pas moins brillant, c’est un individu long et fillasse, sa
barbichette lui donne parfois des allures d’illuminés, mais son naturel calme
et sa voix de baryton ont le don de calmer les nerfs les plus agités. Il est
l’exemple même de l’anglais de bonne famille et les seuls moments j’ai pu
entrapercevoir un semblant de colère, c’est lorsqu’il devise avec le professeur
Challenger. Ces deux-là, pourrait-on dire, sont les meilleurs ennemis.
Outre ces deux érudits, notre compagnie ne pouvait se passer
des services d’un médecin. Et c’est à un certain docteur Kroukov que la tache a incombé. C’est un homme des plus étranges. Un russe d’une cinquantaine
d’année, avare en parole comme en sourire, avec un penchant très marqué pour
l’alcool de ce qu’il appelle parfois la « mère patrie ». J’émettais,
jusqu’à Cuba, de sérieuses réserves au sujet de ses compétences, mais ce
dernier fit alors preuve d’un tel talent et d’un tel courage, que j’ai plus
guère qu’à lui reprocher son allure et son penchant pour les spiritueux les
plus forts. J’ignore tout de son
histoire, mais je ne désespère pas de le faire parler un jour ou l’autre.
Tom Isley, quant à lui, est le plus jeune du groupe, c’est
un jeune Américain d’une vingtaine d’année, un rêveur naïf et qui passe le plus
clair de son temps la tête en l’air pour y voir voler son Faucon, un magnifique
Gerfaut dressé comme je ne l’aurai jamais cru possible, sa stature laisse
entrevoir de longues années de labeur physique et s’il ne brille pas par sa
culture raffinée, du moins est-il un compagnon de voyage fort agréable. Son
optimisme fait rarement défaut, et ses attitudes rêveuses redonnent le
sourire à tout le groupe, même après une journée de marche intense.
Bien entendu, je ne saurai vous brosser un tableau complet
de mes compagnons sans parler de Miss Fairfax. Si l’on m’avait dit, quelques
années plus tôt, que je serai amené à traverser une jungle millénaire et humide
en compagnie d’une jeune femme issue de si haut rang, j’aurai sans aucun doute
ris de bon cœur. Et pourtant, son joli minois n’est en réalité qu’un leurre qui
cache une jeune femme d’une résistance surprenante et d’un courage surprenant.
En plus de cela, son don naturel pour les langues nous auras permis de négocier
des prix fort avantageux en arrivant au Pérou, et je ne doute pas que ses
talents seront rapidement mis à profit à nouveau. Cependant, elle reste souvent
boudeuse et revêche, rappelant brutalement à chacun qu’il s’agit tout de même
d’une noble demoiselle.
Enfin, son majordome, lui aussi, nous accompagne dans cette
folle expédition. C’est un homme surprenant, d’une dévotion sans pareille et
d’un flegme qui, je dois bien le confesser, m’inquiète parfois un peu. Il est
capable de rester stoïquement derrière la miss, pendant que celle-ci passe
plusieurs heures à lire en silence, autant que d’écraser le crane de l’un de nos
agresseurs avec une barre en fer de trois pieds et demi de long, le tout sans
jamais se départir de son expression impassible.
Si nous étions six au départ, le destin voulu que nous
croisions d’autres âmes en quête d’aventures en cours de route… mais pour l'heure, il est temps de prendre un soupé et de me reposer.
Une nouvelle aventure de Cthulhu avec un excellent, vraiment excellent maître... Je regrette juste de ne pas être sorti vivant des Montagnes hallucinées... et que tu sois trop loin pour participer à Cthulhu !
RépondreSupprimer