Posted by : Marc PEZIN
mercredi 4 septembre 2013
Cette nuit, nous avons subi une
attaque… je ne peux pas encore m’en expliquer la raison. Alors que nous
faisions halte à Cuba, à bord du Freedom,
une bande de sarrasin s’est infiltrée à bord et a ouvert le feu sur l’équipage,
tentant même de mettre le feu au bâtiment. Par chance, mes compagnons et les
marins réagirent promptement et mirent les pirates en fuite, tuant deux des
leurs… nous perdîmes en revanche l’un des hommes, rendant le reste de l’équipage
morose et suspicieux à notre égard. Bien que je comprenne leur mécontentement à
notre sujet, je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi notre groupe serait
la cible d’un groupe de pirate particulier. Peut-être, les étranges tatouages tribaux
que nous avons pu voir sur les corps des défunts pourraient-ils répondre à la
question, mais Miss Fairfax n’y a retrouvé aucune des symboliques païennes de
sa connaissance. Bref, tout cela est derrière
nous maintenant, ou en tout cas, je l’espère.
Le fait est, que la quantité de
matériel chargé m’a hautement surpris et qu’après une discussion approfondie
avec le professeur Challenger, j’ai pris conscience de l’incroyable nombre de
choses dont nous pourrions avoir besoin une fois dans les jungles Péruvienne, et
même avant. Lorsque je réfléchi à mon propre bagage, je me rends compte que la
vie d’aventurier est avant tout faite de méticuleuses préparations. Laissez-moi
donc vous faire faire un tour d’horizon de mon paquetage, vous comprendrez
alors mieux de quoi je veux parler.
Il n’est pas question, bien sûr,
de partir à l’aventure nu comme un ver, ou pire encore, vêtu d’un seul et
unique costume, mais cette considération toute naturelle lorsque nous sommes
proches d’une civilisation développée devient une source d’inquiétude alors que
nous la quittons. Déjà, le climat n’est pas le même partout ! En mai, la
ville de Londres est fraiche et un trajet par la mer en direction de New-York
ne prend pas moins de 8 jours. Pendant toute cette période, il est important de
pouvoir se couvrir, et un épais manteau comprenant un bonnet ne sont pas de
trop, une paire de gant épais accommode bien l’ensemble. Pour ma part, j’y ai
préféré des mitaines, me permettant de fumer sans avoir à me débarrasser de mon
attirail, et qui pourront s’avérer utile plus tard, lorsqu’il s’agira de ne pas
s’écorcher sur quelques plantes piquantes. Outre cette garde-robe hivernale, la
température au Pérou n’a plus rien à voir, l’île de Cuba était déjà accablante
de chaleur, mais alors que nous avons
traversé l’équateur, nous pénétrons dans un univers d’humidité lourde et de
chaleur torride. Ainsi, reléguant au fond de la malle nos manteaux, nous avons
tous sortie de pratiques ensembles de voyage, comprenant une chemise en coton
ou en lin et un veston percé de nombreuses poches. Malgré tout, nos tenues sont
rapidement poisseuses de sueur alors que nous progressons difficilement en
direction de la jungle. Pour compléter le tableau, une ou deux paires de bottes
ainsi qu’un pot de graisse imperméabilisante sont des ustensiles qu’on ne
saurait dissocier d’une expédition comme la nôtre.
Une fois le problème des vêtements
traités (et il s’agit là d’un problème encombrant rapidement les malles), il s’agit
de ne pas perdre de vue l’essentiel : la nourriture et l’hygiène. En
pleine jungle, il n’est pas toujours possible d’avoir accès à un point d’eau,
et la nourriture doit être prévue à l’avance, chasser relevant purement et
simplement de la douce utopie. La viande séchée est une excellente solution,
mais qui a malheureusement un coût et une limite dans le temps, de même que les
fruits et légumes frais. Le mieux reste encore de se rationner de biscuits secs,
souvent assailli par les charançons, de thé, et d’un vin léger coupé avec l’eau.
L’hygiène ne doit pas être négligée non plus. Dans ce genre de territoire, il
est vite arrivé d’attraper une fièvre mortelle au quelle, nos frêles
constitutions occidentales, ne sont pas aussi bien accommodées que la
population locale. Toute malle doit contenir, outre les vêtements de rechanges,
une trousse de premier secours, essentielle à la bonne conduite d’un périple. Sulfate
de quinine pour les crampes, acide phénique fortement dilué à titre d’antiseptique
ainsi qu’un flacon de teinture d’iode pour traiter les plaies bénignes. Des
bandages et de quoi faire des attelles sont également plus que recommandées. En
outre, lors d’une expédition dans la jungle, quelques seringues d’anti-venin
devrait être dans vos premier choix.
Pour
des questions de commodités, vous pourriez également apprécier la présence de
quelques baumes apaisants à base d’Arnica Montana qui devrait vous soulager de
bien des courbatures, bosses et autres sources de souffrances mineures qui
peuvent rapidement épuiser le corps et l’esprit dans un environnement aussi
difficile. Lorsque vous avez accès à un point d’eau, un pavé de savon et un
flacon d’eau de Cologne (ou de parfum pour les dames) vous débarrasserons des
germes les plus dangereuses. Un coffret avec un blaireau, de la mousse à raser
et un rasoir ne seront bien entendu pas de trop.
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Pharmacie de voyage |
En plus de tout cela, si vous ne
souhaitez pas errer éternellement dans la jungle, un nécessaire d’orientation
devient rapidement indispensable. Une boussole, un compas et idéalement une
carte récente de la région vous éviteront à coup sûr de biens tristes
désagréments. Enfin, être armé n’est pas un luxe mais une garanti pour votre
vie. Un bon revolver, un Webley par exemple, et un poignard peuvent vous sortir de situations difficiles
le cas échéant, n’oubliez pas, que certaines régions sont encore peuplées de
sauvages primitifs et de bêtes non soumises à l’Homme.
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Webley 1887 |
Ajoutez à cela toutes les petites
choses dont vous pourriez avoir l’usage comme par exemple un carnet de note,
des fusains ou des crayons, une loupe, des brosses et des pinceaux et vous
comprendrez pourquoi nous avons dû faire appel à des porteurs dès notre
arrivées au Pérou. Nous avons même avec nous un animal de bât qui porte l’équipement
lourd dont je n’ai pas parlé ici comme le matériel d’escalade que nous avons
pris, au cas où...