Posted by : Marc PEZIN mardi 2 septembre 2014

Encore une fois, j’ai choisi d’aborder mon sujet en le déclinant en différents points qui me paraissent importants lors de la rédaction d’un scénario. Comme j’en parlais dans un billet précédent, lorsqu’on se lance dans la rédaction, il est aussi et surtout question de sensibilité personnelle. En somme, ma façon de concevoir, de la base à la mise en forme, un scénario est peut être très éloigné de votre façon de travailler. Toutefois,  les conseils que je vais dispenser serviront au moins aux MJs débutants qui se demandent par où commencer dans ce difficile exercice.  

Note : Afin d’alléger un peu le discours et de vous offrir un article agréable à lire, j’illustre cet article par la dernière partie de JDR que j’ai fait jouer à mes petits camarades ! Vous n'en aurez que de brefs aperçus, mais si quiconque est intéressé, j'envisagerai de faire quelque chose de propre pour le web. 

Avant la rédaction 



Conseil N°1 – Imaginez-vous à la place d’un scénariste de série


Je ne vois pas de meilleur façon de procéder, vous êtes scénaristes pour une série télé, et cette série, c’est votre JDR préféré, vos acteurs, ce sont les PJ’s qui seront à votre table, votre audience ? Les même PJ’s qui sanctionneront directement votre scénario s’il n’est pas à leur goût et l’applaudiront dans le cas contraire. Alors réfléchissez bien. Votre série, combien d’épisodes aura-t-elle ? Combien de saisons même ? Combien de temps va durer le premier épisode. Va il vous falloir un épisode pilote pour présenter cet univers à votre audience et les convaincre que c’est la série du moment ? Quels sont les thèmes majeurs qu’elle aborde ? Qui seront les héros et qu’affronteront-ils au fur et à mesure que les épisodes avancent ?
Bref, c’est un exercice qui n’est pas aussi facile qu’il n’y parait, puisqu’il vous oblige à prendre en compte de nombreux paramètres mais si vous vous prêtez à l’exercice, vous devriez avoir une bonne idée  de comment vous allez mener votre intrigue jusqu’à sa conclusion finale. Quand on débute dans la maîtrise, on a souvent tendance à voir rapidement les choses en grand et à ne pas suffisamment développer certains aspects de vos scénarii, c’est parfois dommage de proposer son season final en première partie, c’est l’assurance de n’avoir que quelques parties intéressantes au compteur avant de tourner en rond.

Exemple : Ma série à moi, en ce moment, c’est Delta Green. Pour l’instant, j’ai passé commande pour 10 épisodes, mais si les choses se passent bien, nous pourrions être amenés à en rajouter. Finalement, je veux que cette série soit dans l’ambiance X-files, très orientée sur des enquêtes humaines, avec une bonne dose d’humour et le tout sur fond de complot mondial. Je veux également que ma série aborde des thèmes sérieux, comme la perte d’identité, le dilemme qui peut se poser aux agents de Delta Green etc. etc.  Je ne vais pas vous révéler qui sont les grands méchants (vilains joueurs), mais pour l’instant, ils n’en ont eu qu’un très bref aperçu, lors de mon épisode « Pilote ». Mes acteurs sont des agents de la CIA, de la NSA et du CDC, c’est dans l’épisode pilote qu’ils ont rejoint les forces Delta Green après avoir été confronté à un avion dont les 277 passagers sont inexplicablement morts (merci The Strain pour cette intro parfaite).

Conseil N°2 – Avoir une bonne idée de la fin



Sans rentrer dans les détails non plus, lorsque je pense à la rédaction d’un scénario, une fois que les bases sont jetées, j’essaye toujours de m’imaginer les dernières scènes de la partie. Avec cette image en tête, il est finalement plus facile de remonter progressivement le flux et de donner un corps rigide à votre intrigue. Il faut dire que je suis très adepte des scénarii d’enquêtes et et que j’aime les retournements de situation. Du coup, j’aime bâtir mes intrigues autour d’une scène finale grandiose, ubuesque ou tristement cynique.

Attention, puisque la remarque m'a été faite, ça ne signifie pas pour autant que ce sera VOTRE scène de fin puisque c'est connu, les joueurs ne font jamais ce qu'on attend d'eux.
Essayez juste de  garder en tête cette image pour la façon dont vous aller faire réagir l'univers face aux actions des joueurs. Si vous voulez que vos Pj's finissent par être capturé, alors évitez de faire ouvrir le feu à vos PNJ des qu'ils aperçoivent le bout d'un nez, sinon, vos PJ's n'auront jamais la bonne idée d'accepter la reddition. 

Exemple : Imaginez – Vous avez été fait prisonnier, d’une manière ou d’une autre, avec vos camarades. Une douce odeur de viande épicée vous titille les narines, surtout que le grésillement de la viande qui cuit donne véritablement l’eau à la bouche. Vous ouvrez les yeux pour contempler un salon asiatique typique. Votre assise est un fauteuil rouge en demi-cercle, c’est là que gisent vos autres compagnons, sortant eux aussi de leur sommeil. Une splendide asiatique vous fait face, une femme d’une trentaine d’année en robe chinoise traditionnelle, sure d’elle, genre femme fatale. Elle vous observe un moment, et vous fait la proposition, que vous sentez unique, à prendre ou à laisser. Vous obtiendrez votre laisser passer pour l’Angleterre, seulement si vous falsifiez vos rapports et ignorez tout du Tong Shugoran.  Quel sera votre choix ? Vous êtes libre de tenter de vous échapper, libre de combattre cette femme, mais sa proposition est attrayante non ?

Conseil N°3 – Mettre votre scénario sous forme de plan


Alors, ce conseil est surtout valable pour les scénarii un tant soit peu complexe dans leur déroulement, qui donne beaucoup de liberté aux joueurs ou dont la majeure partie est constituée d’une enquête. A vous de le présenter sous la forme voulue, personnellement, j’aime les schémas avec des flèches de partout. Ma méthode est assez simple, je liste les étapes par lesquelles doivent passer les joueurs pour mener à bien l’intrigue et je relis le tout en prenant note des scènes qui devraient normalement les conduire d'un point à l'autre.


Exemple : 



La rédaction



Conseil N°1 – Commencer par le commencement


Si vous mettez vos joueurs dans le bain dès le début, vous aurez beaucoup moins de mal à les canaliser par la suite. Bichonnez donc votre scène d’introduction pour que tout le monde soit en alerte dès le début. Ça peut être une attaque sans explication, un rendez-vous incongru, une rencontre au sommet. Bref, peu importe comment vous vous y prenez, arrangez-vous pour que vos PJ’s sachent rapidement ce qu’on attend d’eux et pour ne pas trop faire traîner en longueur les introductions personnelles – N’oubliez pas, tout le monde est impatient de jouer, si vous laissez 5 joueurs sur le carreau pour vous concentrer sur un seul, les autres vont rapidement décrocher.

Exemple : Mes PJ’s ont commencé la partie dans un restaurant chinois, petites référence innocente au reste du scénario. Face à eux, leur contact Delta Green sous les traits de l’homme à la cigarette d’X-files, un individu quelque peu méprisant mais hautement compétent. Alors qu’il déguste une boule de glace à la vanille, il remet un dossier aux PJ’s, une série de meurtres étranges a eu lieu à Chicago, les légistes ont du mal à se mettre d’accord : un malade mental qui se prend pour un animal ? Un animal qui se prend pour un serial killer ? Delta Green n’est pas dupe et se doute que quelque chose de louche se trame, à vous de mener l’enquête. En plus, ça tombe bien, vous vouliez « prendre des vacances chez la reine » et bien c’est ici qu’est Tiger Transit, une entreprise relique que la CIA utilisait à la glorieuse époque de la guerre froide, l’occasion de passer leur faire un coucou pour négocier une entrée discrète en Angleterre non ?

Conseil N°2 – Ne prévoyez pas « Tout »


Déjà parce que c’est impossible, vous ne pourrez pas penser à chaque chose que vos Pj’s vont faire, n’essayez même pas, au risque de rigidifier complètement votre partie dans une trame unique dont les PJ’s ne peuvent pas sortir le moindre orteil. Utilisez vos talents de conteur, votre logique et votre imagination.
Le meilleur conseil que je peux vous donner pour ça, c’est de bien connaitre l’univers qui encadre votre partie. Comme ça, si les joueurs s’éloignent trop, vous pourrez leur montrer autre chose de tout aussi intéressant. C’est le meilleur moyen aussi pour trouver des leviers « raccords » à utiliser pour ramener vos joueurs sur la bonne voie.

Conseil N°3 – Prévoyez vos PNJ important


On ne peut pas tout prévoir, mais vous pouvez prévoir l’essentiel. On a vu plus haut qu’il y a des scènes clés dans votre intrigue (celles qui sont sur votre schéma). Ces scènes sont reliées entre elle par des éléments essentiels de votre scénario. Prévoyez-les. Si les infos sont à récupérer par un PNJ, qui est-il ? A quoi ressemble-t-il ? Quels sont ses principaux traits de caractères ? A-t-il une histoire bien à lui ?
Si c’est une bande de malfrats qui va pousser vos PJ’s à l’étape suivante, qui sont-ils ? Comment sont-ils équipés, quel est leur niveau de compétences ? Comment ont-ils prévu de massacrer vos joueurs ? Parleront-ils sous la torture ?
Bref, vous comprenez le principe.

Exemple : L’un des PNJ principal de mon enquête, c’était Thomas Carter, un simple agent de la DEA qui a, pour l’occasion, emprunté les traits de Vin Diesel dans A man apart. Thomas Carter est plutôt un bon flic, un peu tête brûlé puisque sa principale motivation, c’est de venger la mort de son papa en combattant les cartels de la drogue ou qu’ils se trouvent, qu’il ait l’appui de ses supérieurs ou non. Thomas Carter est l’allié parfait pour les PJ’s, il est un peu prétentieux, mais s’il n’est pas remis à sa place rapidement, il fera volontiers sauter les verrous administratif pour offrir aux PJ’s de précieux éléments sur leur enquête qui implique cette nouvelle drogue : La Reverb. En revanche, il n’entrevoit rien de « l’autre monde », si les PJ’s lui parlent trop franchement concernant le surnaturel, il risque de les prendre pour de sacré rigolo.   

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